The dentalist
15 mars 2022
« Prévenez le mal avant qu’il n’existe, calmez le désordre avant qu’il n’éclate. » Lao-Tseu, Tao Te King.
Parmi toutes les sous-disciplines que compte l’odontologie moderne, la dentisterie prophylactique commence (enfin) à éclore et à se développer. Cette approche médicale, moderne, responsable et surtout efficace, pourrait nous permettre de sortir (enfin) du modèle « réparateur » qui prévaut à l’heure actuelle et pourrait rendre aux patients des services très largement supérieurs aux traitements symptomatiques.
The Dentalist vous propose quelques réflexions sur le sujet au travers d’une série de trois articles. Le premier abordera les nombreux avantages d’une démarche prophylactique pour l’odontologiste, le second les moyens à disposition et le troisième les solutions pour une mise en oeuvre efficace.
LES LIMITES DE LA DENTISTERIE REPARATRICE
Bien souvent, la chirurgie-dentaire se gargarise, plus ou moins consciemment, de la sophistication de ses traitements et les grandes réhabilitations chirurgico-prothétiques sont plus volontiers mises à l’honneur. Le mantra du « plus c’est gros, meilleur c’est », promeut, par le biais de cas cliniques spectaculaires, une médecine réparatrice et une approche essentiellement symptomatique des maladies bucco-dentaires.
Mais tout aussi indiqués, intellectuellement stimulant et parfaitement réalisés qu’ils puissent être, ces « gros » cas de réhabilitations globales, ne doivent jamais nous faire oublier :
les « gros » dégâts biologiques qu’ils occasionnent,
les « gros » efforts qu’ils demandent,
les « gros » risques qu’ils nous font prendre
les « gros » devis qui les accompagnent.
C’est évidemment notre rôle que de les traiter comme il se doit mais c’est aussi notre devoir d’éviter, lorsque c’est possible, que nos patients n’en arrive là. Et c’est le rôle de la prophylaxie dont le mantra serait alors « moins d’efforts pour de meilleurs résultats ».
Les patients, nous l’avons vu dans un article précédent, sont de plus en plus sensibles à une approche globale et préventive de leur santé. Ils savent que, même correctement soignées, les maladies buccales peuvent produire des dégâts irréversibles et ils souhaitent de plus en plus vivement éviter cela. Le désintérêt général des praticiens pour la prophylaxie et la prévention les choquent.
DEFINITIONS
Prophylaxie : Ensemble de moyens médicaux mis en œuvre pour empêcher l’apparition, l’aggravation ou l’extension des maladies. La démarche prophylactique comprend différend degrés de prévention :
Prévention primaire : En amont de la maladie, c’est éviter l’apparition d’une maladie en agissant sur les facteurs de risque en amont de la maladie.
Prévention secondaire : A l’apparition de la maladie, c’est détecter la maladie le plus tôt possible, limiter son évolution et diminuer les facteurs de risque.
Prévention tertiaire : Au stade avancée de la maladie ou après elle : c’est éviter l’apparition de complications et de rechute. Cela passe par la réalisation d’actes réparateurs visant à recréer l’équilibre biologique et restaurer la fonction la plus complète possible.
Prévention quaternaire : Lors du traitement, c’est identifier un patient ou une population à risque de surmédicalisation, le protéger d’interventions médicales invasives, et lui proposer des procédures de soins éthiquement et médicalement acceptables.
INTÉRÊTS DE LA PROPHYLAXIE :
A coté des gros cas, la prophylaxie/prévention offre donc une perspective très favorable intellectuellement et professionnellement :
Excellents résultats à long terme : l’approche prophylactique, basée sur la recherche scientifique, fonctionne à merveille. Une fois mise en place au sein du cabinet, les résultats sont moins spectaculaires que les gros cas, mais à long terme, les résultats sont remarquables : diminution drastique de l’incidence des maladies parodontales et carieuse. Les patients, qui n’ont jamais connu cela avant, n’en reviennent pas!
Plus de plaisir à travailler : que ce soit du point de vue du praticien ou de celui du patient, la démarche prophylactique est bien moins stressante que la démarche réparatrice. Pas d’actes invasifs, pas de douleurs, et le fort sentiment d’agir pour le bien du patient…
Meilleure réputation du cabinet : les patients ne s’y trompent pas : le simple fait d’envisager une approche prophylactique suscitent leur intérêt et leur adhésion immédiate. Soyez-en sûrs : ils ne manqueront pas d’en parler autour d’eux. Le cabinet dentaire se démarquera et sera valorisé à la hauteur du service rendu aux patients.
CONCLUSION
Le futur de la dentisterie sera prophylactique et préventif ou bien ne sera pas. Il est en effet impossible de prendre en charge de manière optimale la totalité des pathologies bucco-dentaires des populations. Des stratégies permettant de les éviter sont une nécessité absolue et doivent être valorisées.
Nous verrons dans deux prochains articles quels sont les moyens prophylactiques à disposition et quelles devraient être les stratégies, à petite ou grande échelle, pour une mise en oeuvre efficace.